Pilani
Publié le 21 Octobre 2015
BK BIET se trouve à Pilani, petite bourgade à 150 kms de Delhi, mais le bourg lui-même vaut le détour, enfin, si on y est, il y a des choses intéressantes. En fait, la ville est une espèce de Cambridge modèle réduit, car le coeur de la ville est composé par les universités prestigieuses qui s'y trouvent, dont certaines, malgré la taille plus que modeste de Pilani, sont connues dans toute l'Inde du fait de la qualité de leur enseignement et de leur recrutement. Ainsi, à côté de BK BIET, il y a notamment BK BITS, qui est comme sa grande soeur, et le campus de cette université a des airs de Campus américain, où tout est harmonieusement intégré, avec des vastes étendues, des terrains de sport, des surprises architecturales...Dans le campus se trouve le magnifique temple de Saraswati, la déesse de la Connaissance et de la sagesse (normal pour une université), dont la particularité est de présenter sur ses cascades de sculpture des figures de "sages" célèbres:
Vous les avez reconnus? Nous avons été accompagnés par Abishek, un étudiant indien qui est déjà venu en France, à Toulouse, pendant deux mois, et compte y retourner en janvier, et est très apprécié par les étudiants français. Nous sommes à Jaipur ce soir, et ils devaient le retrouver (il est venu par ses propres moyens), mais je ne sais pas si cela s'est fait. Le soir du dernier jour, nous avons eu droit à une visite nocturne du Science Museum, splendide exemple de pédagogie de vulgarisation à l'ancienne, mais encore très vivante! Et en clou de soirée, une visite à nulle autre pareille, la visite guidée au mausolée-musée en la mémoire d'Aditya Birla, le petit-fils du fondateur des universités Birla, dont BK BIET fait partie, un milliardaire mort à 50 ans qui a droit à ce centre dédié à sa personne, et qui, en fonction des sensibilités, peut passer pour le comble de la mégalomanie, ou bien un touchant témoignage des multitudes de personnes qui l'ont aimé et qu'il a, en quelque sorte, touché de la magie de son prestige.
Quand nous sommes redescendus, la nuit tombait! La chapelle est construite sur un affleurement de grès, ou de quelque pierre rouge, que les constructeurs ont exploité, puisque on voit des petites carrières à ciel ouvert tout autour.
Le dernier après-midi, je suis retourné en ville seul, profitant d'une sieste de mon collègue, et avant le dernier apéritif d'au-revoir avec les responsables de l'Institut (la réunion autour du projet de partenariat s'étant déroulée le matin, dans d'excellentes conditions), et dans cette ville je me suis baladé, d'abord déposé en touk-touk, puis à droite et à gauche. Je ne me rappelais plus de l'endroit où la veille avec Bertille et Habib nous avions repéré une haveli qui s'était avérée fermée, et donc dans l'idée de la voir, j'ai demandé mon chemin, et un vieux monsieur, récemment arrivé de Calcutta où il avait passé sa vie, m'y a conduit. Elle n'ouvrait qu'à 15h, un quart d'heure plus tard, alors nous sommes partis boire un tchaï sur le porche d'une boutique d'électriciens, des copains à lui, et en route, de son pas fatigué, mais avec un sourire évident et édenté, il me racontait comment il était maintenant trop vieux pour trouver du travail à Pilani, la raison étant qu'il était un étranger à la région.
En fait, cette haveli, dont on m'avait dit qu'elle renfermait le musée des traditions de la ville, soit n'était pas un musée, soit il fallait une autorisation spéciale pour lui faire ouvrir ses portes. Je n'ai pu faire que quelques photos des patios du rez de chaussée! De retour en ville, je me perds volontairement dans les ruelles, et au bout de quelques minutes, je me retrouve face à une sorte de théâtre dressé pour l'occasion de la fin de Navratri, la fête des 9 neuf jours chez les hindous, et des gamins m'abordent avec les questions et la curiosité habituelle, mais ajoutée d'un plaisir évident à entendre quelques bouts de phrase en hindi. On chahute, ils me blaguent (et je ne comprends du coup plus rien), les femmes lèvent leur voile pour me saluer et rire, le grand frère vient me tirer d'embarras (car les gamins n'avaient pas envie de me laisser partir, et me tiraient par le bras, la main, le pied pour venir me faire voir je ne sais quoi), et m'a remis sur le bon chemin de la place du centre-ville d'où j'ai repris mon auto-rikshaw. Mais cependant avant de dire au-revoir, ils m'avaient laissé leur bouille étonnantes: